Magazine | ReportageDe la Méditerranée à l’océan Atlantique, en passant par la Manche et la mer du Nord, le littoral français et ses 5 800 kilomètres de côtes est l’un des plus beaux du monde. Chaque été, il attire près quarante millions de touristes, venus du monde entier. Résultat, les prix de l’immobilier ne cessent d’augmenter. Le moindre bout de terre en bord de mer est convoité et les batailles entre propriétaires et professionnels du tourisme sont plus féroces que jamais.
Depuis 1986, la loi « littoral » empêche l’urbanisation à outrance et la défiguration de nos côtes. Pourtant, dans certaines régions, les nouvelles constructions se multiplient. Bien souvent, la loi se transforme en casse-tête pour nombre de municipalités qui n’arrivent pas à la faire respecter.
À Marseille (Bouches-du-Rhône), la mairie s’est lancée dans une reconquête des plages. Cette année, la plupart des concessions de matelas n’ont pas été renouvelées. Entre l’adjoint au maire de la ville et les patrons de ces établissements, c’est la guerre.
Dans le Finistère sud, Vincent, un militant écologique, se bat sans relâche contre la bétonisation. À son actif, déjà quarante annulations de permis de construire. D’autres sont dans sa ligne de mire. Certains propriétaires excédés le menacent carrément de mort.
À Manvieux, dans le Calvados, le maire est en colère. La loi « littoral » l’empêche de faire des travaux pour agrandir sa mairie, qui ne fait que… quinze mètres carrés. Difficile de s’entasser avec ses collaborateurs dans un si petit espace.
En Bretagne, Jean-Marie s’est offert une île privée. Aujourd’hui, il veut la louer, car entretenir une île coûte cher, mais la loi bouscule ses projets.
Près de Calais (Pas-de-Calais), après des années de combat judiciaire, c’est la fin des privilèges pour les propriétaires de chalet de plage. Ils doivent raser leurs constructions et évacuer les lieux. Tous ne sont pas d’accord ! Dans le même temps, à Beauduc, en Camargue dans les Bouches-du-Rhône, des habitants de cabanes illégales résistent encore face aux autorités. Mais aujourd’hui, c’est la montée des eaux qui menace leurs habitations.
Sur l’île d’Yeu (Vendée), Geoffroy a hérité d’un fort avec vue sur mer. À cause du recul du trait de côte, il s’inquiète de ne pas pouvoir transmettre à ses enfants son fort, devenu sa maison de famille.
Entre constructions illégales et érosion, y a-t-il encore des bons plans le long de nos côtes ? Enquête sur les dessous du littoral français, entre scandales et privilèges.