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USA : femmes dans le couloir de la mort

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Aux États-Unis, 54 femmes attendent leur exécution dans le couloir de la mort (contre 3 200 hommes). Si elles sont, statistiquement, beaucoup moins nombreuses que les hommes à commettre des crimes passibles de la peine capitale, leurs conditions de détention sont les mêmes : à l'isolement 23 heures sur 24, sans aucun contact physique avec l'extérieur (interdiction en plus de recevoir la visite d'enfants mineurs) et sous surveillance vidéo nuit et jour. La plupart de ces femmes sont condamnées pour des crimes impliquant des enfants, des pères de famille ou leurs propres maris. Exceptionnellement, nos équipes ont pu rencontrer trois femmes condamnées à la peine capitale. Emprisonnée au Texas, Linda Carty est accusée d'avoir kidnappé et tué sa voisine pour lui voler son bébé. Mère de treize enfants, Melissa Lucio, détenue aussi au Texas, est accusée d'avoir maltraité et tué sa fille de deux ans. Détenue en Arizona, Shawna Forde, à la tête d'une milice anti-immigration, a été condamnée pour avoir assassiné avec ses complices un père et sa fille âgée de neuf ans, tous deux Mexicains. Nous avons recueilli les impressions de ces femmes condamnées à mort. Toutes se livrent ouvertement, sans la moindre concession. Qu'elles soient coupables ou victimes d'erreurs judiciaires, les paroles de ces femmes, qui vivent depuis des années totalement isolées du monde et qui attendent leur mise à mort, sont d'une puissance rare. Nous avons aussi rencontré leurs proches, leurs enfants, leurs parents, leurs frères et sœurs, partagés entre infimes espoirs et profonds désarrois. Presque toutes se battent pour la révision de leur procès. Car la justice américaine, si elle est parfois impitoyable, a de nombreuses failles. Procès à la va-vite, enquêtes bâclées, témoins manipulés, intérêts électoraux… Les médias ne cessent de pointer les dysfonctionnements de cette justice très controversée. L'histoire de Michele Byron, condamnée pour le meurtre de son mari, est à ce titre édifiante. Elle vient de sortir du couloir de la mort après y avoir passé quatorze ans. Quelques heures avant son exécution, la Cour Suprême a décidé de la libérer, reconnaissant que son procès avait été une parodie. Le procureur n'avait pas informé le jury que son fils venait d'avouer le meurtre. Malgré cette grave erreur, Michele Byron n'a pas été indemnisée et vit aujourd'hui à Nashville (Tennessee), dans le dénuement le plus total. © GIRAF PROD

Documentaire | Crime

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